lundi 10 octobre 2011

Pan sur le blog, et vivent les blancs becs !



Un lecteur assidu et honnête (autre définition de l’oxymore en politique), nous apporte une intéressante contribution critique, que nous livrons tutoiement compris, ce qui exige – delà de l’effort sémantique –  une  camaraderie intellectuelle dont nous sommes pas nécessairement familier.

Ce lecteur écrit, avec honnêteté et clarté : « sur le fond : je n'ai pas lu Benda ni réfléchi à son message ; mais à chaud, j'émets quelques objections. Si je comprends bien, l'idée c'est que l'intellectuel ne devrait pas s'engager, notamment politiquement, sinon il trahit sa mission et ses idées; mais ce n'est pas une vie ça, la réflexion pure qui inspire sans action pour l'enrichir et la nourrir. »

Suit la définition par ses soins de la vie et d’une forme au demeurant très respectable des valeurs qui la soutiennent :
 « Ce qui vaut dans une vie c'est l'action au service des idées : ce n'est pas parce que certains ont fait des mauvais choix que l'engagement n'est pas indispensable à un moment ou un autre ; a titre d'exemple, pour revenir à notre temps, je trouve remarquable et utile que BHL ait réussi par son engagement initial à chasser Khadafi  ou que Luc Ferry ait essayé de mettre en pratique ses idées comme ministre (quels que soient ses résultats) . N'es- tu pas d'accord d'ailleurs avec sa préférence pour une éthique de responsabilité par rapport à une éthique de conviction ?

Pour moi, ce qui est insupportable, c'est plutôt les intellectuels qui s'érigent en vigie de la Morale et du Bien et distribuent les bons et les mauvais points assis devant leur petit noir aux deux-magots à ceux qui agissent et tentent de faire bouger les choses »

Et il conclut, en un clin d’œil : « J 'ai encore bien du chemin à faire pour a-bender dans le sens de Julien... » Il lui sera beaucoup pardonné pour ce trait d’esprit.

Pour notre part, nous apprécions que ces menus articles posés au hasard de la blogosphère entrainent un vif débat plutôt qu'un plat béat.

Pour le reste, nous devons être sans ambiguïté : nous apprécions l'action d'un BHL en Libye, d’un Max Gallo lorsqu’il fut le porte parole d’un Gouvernement ou d’un Alain  Etchegoyen quand il fut nommé Commissaire au Plan .

Mais ils sont dans un rôle qui n'est pas celui du clerc, justement. A contrario, Kant (qui n'a jamais quitté Könnigsberg) reste une référence morale indispensable (au sens strict : il est difficile de penser sans), plusieurs siècles après sa mort. 

En clair (en clerc ?) nous considérons qu'il ne faut surtout pas opposer les deux manières d'être intellectuel : celle de l'engagement dans le présent et celle du clergé de la pensée. Ce sont deux métiers différents, qui tous les deux sont profondément utiles à la sphère publique. Un peu à la manière où, en automobile, il faut bien des designers et des mécaniciens.

miracle

 Le clerc est une lampe qui peut se passer des Aladin. Mais Aladin serait un pauvre berger, utile à son seul troupeau et non à l’humanité, sans sa rencontre avec un génie immobile et prisonnier volontaire de sa lumière.

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