mardi 4 octobre 2011

Du gros en politique et de la politique, en gros (ou sous quel régime vit-on ?)



Regardez un peu mieux cette photo. Non, pas plus près : elle saute au visage. Mais mieux. Qui voyez-vous ? Ou plutôt : qu’y voyez-vous ?

Présidentielle américaine: le républicain Christie n'est pas candidat

Si vous êtes un observateur pressé, vous y devinerez un chauffeur de salle, animer une foule probablement assez nationaliste, derrière un logo de la fondation Ronald (l’ancien Président Reagan, pas le clown de Mac Do°) et planté devant deux solides drapeaux américains.
Si vous êtes féru de politique atlantique, vous reconnaîtrez le républicain Chris Christie, Gouverneur du New Jersey, qui a refusé mardi de se lancer dans la course à aux primaires, côté Républicain, pour la prochaine présidentielle américaine.
Cette photo, c’est celle de sa conférence de presse à Trenton (New Jersey) où il a déclaré une phrase qu’aucun homme politique français ne saurait prononcer en conscience, et encore moins en public : "Ce n'est pas le moment pour moi".

Si vous êtes un auditeur de Guy Birenbaum sur une radio nationale (ce qui suppose de se lever tôt, mais rarement pour rien), vous y verrez également autre chose. A savoir : un gros. Un gros derrière un pupitre. Un gros tout court. Un gros vraiment gros. Une bonbonne de cholestérol risquant de détenir un jour le bouton atonique, un risque vivant pour diriger une société qui tête en permanence au sain.
Les propos de Guy Birenbaum, ce matin, dans sa revue du net, intitulée pour l’occasion « la graisse fait débat » était éclairant, et nous avons pu les vérifier depuis : des sites entiers, des pages pleines semblent regorger Outre Atlantique d’avis médicaux sur le bilan cardio-vasculaire d’un candidat pourtant porté par des sondages flatteurs, lequel a finalement préféré jeter l’éponge. On espère que l’éponge en question était gorgée de grasse de sueur et que ses contempteurs sanitaires, s’emparant du trophée, s'en sont salis leurs doigts manucurés. 

En réalité, au-delà de l’anecdote, apparaît l’image d’une époque où l’hygiène est devenue nouveau racisme. Où l’on peut élire un Président noir, mais en super-forme. Où les leaders européens, Cameron et son âge, Sarkozy et son sport, Berlusconi et ses implants, font assauts d’efforts pour respecter la norme hygiénique qui est devenue la formule secrète de l’accès au pouvoir.
Regardez la médiascopie française : des gouvernements de droite qui commencent tous par un casting Elite°, et des concours de beauté aux primaires socialistes en France. Regardez aussi au Sénat, le look épuré d’un Bel bien nommé, vainqueur d’un Larcher relâché.
Ecoutez le bruit de fond des commentaires faussement désinvoltes sur le régime drastique de tel candidat favori. Et les regrets faussement compatissants sur le laisser-aller alimentaire de son prédécesseur en crêtes des sondages.

En réalité, tout ceci est faussement anecdotique. Le régime, avant d’être une discipline de nutritionniste, est un système d’organisation politique. Le régime, c’est le régiment. C’est l’ordre dans les rangs. C’est la taille du crâne qui peut dépasser, pas celle du pantalon. Le "je ne veux voir qu'une seule tête" se comprends aussi : "je ne veux voir qu'un seul corps".
Un régime, c’est d’abord et avant tout une société pensée en uniforme. Au propre comme au figuré. Un régime, c’est une dictature à la fois du semblable et du souhaitable. C’est une recette miracle, dédiée à une beauté normative qui subjugue la sphère privée en envahissant l’espace publique. Le régime est son propre aliment.

Un régime, c’est aussi un artifice politique. Un vêtement flatteur (amateur de couleurs sombres en général). Une manière de rassurer. Des façons de protéger les apparences.
Peut-être serait-il possible, un jour, de regarder ce qu’implique notre servitude volontaire à ces proposition d'enrégimentement du corps, de la mise au pas des marches déviantes et de la captation des regards loin des enjeux - proprement incorporels, libres et inaptes au regard immédiat- qui sont ceux du débat public.

Un petit rappel, pour mémoire. La Chancelière allemande n’est pas jaugé à l’évolution de son embonpoint, qu’elle peur encore mesurer sans risque à celui d'un Helmut Kohl au zénith de son pouvoir. Son Ministres des Finances est le seul en Europe a être physiquement handicapé et à circuler en fauteuil roulant dans les réunion de l’Ecofin.
C’est la première économie du continent. Certains ne doivent pas trouver cela joli-joli à regarder …









1 commentaire:

  1. mais non, on a rien contre les gros! cela dit, il est toujours plus sympa de voir une rama yade sur le trombinoscope du gouvernement qu un notable de la défunte udf élevé à grand coup de comices agricoles. finalement, le pouvoir n'étant plus là, il faut bien se trouver de nouvelles raisons de suivre la politique...

    nicopom

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