dimanche 9 octobre 2011

Fin d’un suspense hitshcockien


Avouons que nous l’avons tous attendu, ce résultat du 9 octobre 2011.


Avec ce qu’il faut de dilettantisme qui est un dandysme de l’anxiété (« oh, quel que soit le résultat, ça ne changera pas le monde », phrase rituelle des bistrotiers médiatiques, qui aiment à philosopher aussi bien les veilles de fin du monde que  les matins de supposé big-bang) Avec ce qu’il faut, également, de légère préoccupation camouflée dans une soudaine passion pour la précision chronologique (siglée d'un « au fait, c’est à quelle heure qu’on sera vraiment sûr ? » digne des meilleures Patek Philip).  

Ils étaient six en compétition. Et celle-ci a nécessité plusieurs visionnages. A des heures différentes, avec des publics différents. Dans ce début d’automne qui ressemblait à un mois de mai (celui de la présidentielle eu Festival de Cannes), le week-end qui allait trancher les sorts se devait d’être douché par le froid pour éprouver sa force de caractère. Ce fut, comme annoncé, glacial. 


Allez voter ressemblait à un sacerdoce. En être acteur supposait une élégance particulière dans le port du coupe vents.  En être organisateur supposait une grande résistance aux courant d’airs, qui ont souvent l’air de courants de pensées.

Ils étaient six en compétition. Avec un grand absent. Comme un Ken Loach qui aurait glissé dans sa salle de bain et n’aurait pourrait pu finir le bouclage du film de sa vie. 


Ils étaient six là où ils auraient pu être davantage. Ou peut-être moins. Allez savoir ce que la présence, en finale, d’un Mike Leight non retenu à Manhattan pour une histoire de sérieux différent avec une figurante, aurait pu éliminer par avance comme concurrence.

Ils étaient six en compétition. Et le jour du verdict serait le 9 octobre 2011. 


Le monde pouvait regarder ailleurs, peu importait. Pour les organisateurs, seul ce résultat comptait, en ce jour. Un an qu’ils le préparaient, ce 9 octobre 2011. Pas question de se le faire voler par une news en forme d’outsider. Dexia est en faillite ? Ca tombe bien, il n’y a plus de Belgique. On est en plein dans les nominations de prix Nobels ? Bof, le jury d’Oslo est bien fichu de désigner un mort, lui.

Alors que ce week-end, en France, on allait enfin connaître l’identité d’un vainqueur. Un vrai. Un vrai revenant de Jurassic Parc qui crèverait l’écran. Un animal plus féroce que les autres. D’ailleurs, c’était bien simple, le nom du favori était déjà connu. Il s’appelait Tyrannosaure est il devait tout écraser sur son passage, malgré son amincissement au montage.

En face, un challenger semblait tout juste émerger des brumes d’une campagne menées dans des pubs anglais, à la fois stricts et hors du temps, méditant une sorte de mélancolie apathique et désabusée sur son propre univers, malgré une armée de jeunes lui offrant leur couleur comme autant de remontants. Un challenger, on l’appelait par son nom de code l’Irlandais. Une histoire qui racontait beaucoup de lassitude et devait incarner l’avenir.

Et puis, en ce 9 octobre 2009, Nathalie Baye est venue annoncer le palmarès, accompagnée notamment d'Emmanuelle Devos. Nathalie Baye ? Nathalie Baye, oui. Emmanuelle Devos aussi. Quelque chose qui ressemblait à une cérémonie bobo, mâtinée d'un paysage de télé-réalité. Une annonce façon Rohmer chez Endemol. 

Comme on s’y attendait, Tyrannosaur de Paddy Considine, avec Peter Mullan et Olivia Colman a remporté la récompense suprême. Il est arrivé en tête. De l'avis de tous, il n'y avait pas de surprise, il était le gagnant prévisible, parmi les six films finalistes.


Mais honnêtement, c’est l’Irlandais, de Mac Donagk, avec Bredan Gleeson, Don Cheadle et Liam Cinningham qui a créé la surprise, en remportant à la fois le prix du public et celui des professionnels de la profession (aussi appelé « Prix de la Règle du Jeu »).

Et il ne serait peut être pas exclu qu’un jour, cette tristesse irlandaise, un peu lassante comme une chanson de Sinnead O’Connor mais aussi douée qu’elle pour trouver des tons inédits, puisse l’emporter dans le cœur du public sur une machine à émotion pourtant réglée depuis la préhistoire de la mise en scène.

Ah, au fait, nous parlions des résultats du Festival du Film Britannique, qui s’est achevé ce week-end en décernant son Hitschcock d’Or. 


Vous pensiez à quoi d’autre ?

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